Arr. de Rouen. MORGNY-LA-POMMERAYE.
Dimanche dernier, 8 septembre, cette paroisse célébrait sa fête patronale avec un éclat plus qu'accoutumé. L'église, aujourd'hui l'une des plus modestes du diocèse, était brillamment ornée ; ses autels, heureusement restaurés, étincelaient d'or. A l'entrée du chœur,une cloche, qui devait être bénite, se balançait sous un arc de triomphe, tout de verdure et de fleurs, du plus gracieux effet.
A la Grand'Messe, le R. P. Flavien, Franciscsain de la résidence de Rouen, appelé pour la double circonstance, a redit à la nombreuse assemblée ce qu'est pour nous chrétiens la très sainte Vierge Marie : notre vie, notre douceur, notre espérance.
Après le chant des Vêpres, le Révérend Père, dans un langage à la fois élevé et patriotique, a chanté les gloires de la cloche catholique, de cet instrument qui, a-t-il dit, est tout à la fois la voix de Dieu et la voix de l'homme. Elle annonce aux hommes leurs devoirs trois fois par jour; elle les convoque à la prière publique, comme autrefois la trompette d'argent annonçait au peuple de Dieu les cérémonies et les fêtes de sa loi. Amie de l'homme, la cloche va dire jusqu'aux hameaux les plus reculés ses joies, ses douleurs et ses espérances.
Puis M. l'abbé Bénard, curé-doyen de Buchy, a procédé aux cérémonies de la bénédiction de la cloche, suivies avec piété et intérêt par les fidèles accourus nombreux même des paroisses environnantes.
A l'issue de la cérémonie, clôturée par le chant du Te Deum et le Salut solennel du saint Sacrement, une quête des plus fructueuses a été faite par Mme la vicomtesse de Boislecomte, née de Marbot.
Comme témoignage de leur affection, le parrain et la marraine, M. le baron Joseph de Marbot et Mme la baronne Franz de Silvestre ont offert à l'église une belle bannière représentant la Vierge, patronne de la paroisse. Puisse, en retour, Marie avoir en sa sainte et digne garde et couvrir de sa protection puissante les généreux donateurs et leurs nobles familles !
Le lendemain de cette consolante journée, à la même heure, les échos d'alentour se renvoyaient les joyeuses volées de la nouvelle cloche, parfaitement harmonisée avec son ancienne compagne de la veille. En les entendant retentir, ces paroles de Chateaubriand se présentaient à notre esprit : « Les carillons des cloches, au milieu de nos fêtes, semblent augmenter l'allégresse publique. C'est la joie exprimée sur une échelle de sons immenses. Dans les calamités, au contraire, ces mêmes bruits deviennent terribles et tristes. » Dieu nous préserve de ces jours de deuil !
Voici l'inscription de la cloche :
L'an de grâce 1889, huitième jour de septembre, S. S. Léon XIII étant pape, S. G. Mgr Thomas archevêque de Rouen, l'abbé Joseph - Maximilien Botté curé de Morgny, j'ai été bénite par M. Prosper Bénard, curé-doyen de Buchy,délégué, et nommée Joséphine-Marie- Madeleine-Anne-Flavie par M. le baron Joseph de Marbot et par dame Madeleine d'Assier de Valenches, baronne de Silvestre. - Refondue par les soins de MM. les barons de Silvestre, de Marbot et d'Acher de Montgascon, nobles descendants de M. et de Mme de Morgny, parrain et marraine de cette cloche en 1828. - MM. Aug. Cellier, maire ; François Malmaison, président et cinquantenaire dans la fabrique ; Is. Leroy, trésorier ; F. Duthil, J. Ennebic, Eug. Lamme, membres. - Cartenet fondeur. - 700 livres je pèse.
Cloche et bannière de la Vierge offertes à l'église de Morgny-la-Pommeraye
8 septembre 1889
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