le marquis d'Argenson à propos de Marie Maximilienne de Silvestre - 18 février 1752

18 février. — Je sais que l'ancien évêque de Mirepoix a résolu de se retirer dès que l'accommodement du clergé avec la finance sera terminé.

M. de Saint-Contest choque de plus en plus ceux qui le voient par son insuffisance, et l'on assure qu'il n'a pas encore quatre mois à rester en place. Il ne satisfait ni par le travail, ni par la conversation ; son seul premier commis, la Chapelle, le vante comme un grand ministre, et ce commis, de son côté, ne parle que de dévotion, disant que la religion doit être le seul mobile de la politique, proposition pour laquelle on ne cesse d'avoir respect et confiance que quand elle est ainsi outrée et prêchée par un homme d'aussi peu d'esprit.

Cette place donne espérance d'y parvenir à plusieurs ambitieux; l'on m'assure surtout que M. des Issarts y est destiné, et que c'est pour cela qu'il recule autant qu'il peut son départ pour l'ambassade de Turin. Il s'est assuré du suffrage de M. le Dauphin et de Mme la Dauphine, ayant travaillé à leur mariage sous mes ordres. Il a tiré grand parti de cette circonstance ; il a part au conseil de celte princesse. Celle-ci a ordre du roi son père de ne rien faire sans la Dlle Silvestre, sa maîtresse à dessiner, et des Issarts est l'amant de cette Silvestre. Par là, l'on a inspiré au Roi grande opinion de ce des Issarts, Sa Majesté a déclaré à M. de Saint-Contest qu'elle ne déciderait sur l'ambassade de Pologne qu'à la mi-carême, et l'on croit que des Issarts y sera nommé, au lieu de l'ambassade de Turin. Il y sera chargé d'un plan pour le nord, autre que celui sur lequel on travaille, et ce plan réglé, des Issarts doit être nommé secrétaire d'État pour le faire exécuter.