Paris, ce 20 avril 1760.
MONSEIGNEUR,
Je viens de perdre le meilleur, le plus tendre et le plus aimé des pères. Je puis dire l'avoir vu mourir durant trois mois, et souffrir, avec une patience et un courage de saint, des douleurs continuelles et inexprimables. Il ne laisse a ses enfants qu'un héritage que le malheur des temps ne pourra pas leur enlever, l'exemple de ses vertus, et un attachement pur et inviolable pour ses augustes maîtres et pour ses protecteurs. Il est mort pénétré de la plus vive reconnaissance pour les bontés dont le Roi l'a toujours honoré, en faisant des vœux ardents pour la prospérité de la Saxe qui lui a toujours été aussi chère que sa propre patrie. Il est mort tranquille sur le sort à venir de la modeste fortune de ses enfants, persuadé, Monseigneur, que, dans des temps plus heureuxNote , ils trouveront toujours en vous, comme par le passé, un second père. Servez-nous-en en ce moment.je vous en supplie comme l'aînée de onze enfants, en nous mettant aux pieds du Roi, votre auguste et bon maître, auquel nous serons, toute notre vie, inviolablement attachés et soumis.
J'ai l'honneur d'être avec un profond respect et une parfaite reconnaissance,
de Votre Excellence,
Monseigneur,
La très-humble et très-obéissante servante,
Marie DE SILVESTRE .
Lettre de Marie-Maximilienne de Silvestre au comte Brühl
20 avril 1760
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